Le Pcpa Congo en visite d'échange en Tunisie : pour une société inclusive.

Quand nous abordons la question de l’Handicap dans nos sociétés, souvent, nous évoquons la notion de l’inclusion. Une société « inclusive » doit être apte à s’adapter aux différences des citoyens, tout en garantissant leurs besoins et les chances de réussir leur vie. Elle constitue l’un des piliers du vivre ensemble. De ce fait, l’inclusion requiert une mobilisation commune des différents corps sociaux, politiques et économiques, afin de mettre en place des politiques publiques et des stratégies permettant l’intégration des personnes les plus fragiles.

Dans le champ de l’handicap, une société inclusive doit apporter les moyens et les solutions qui permettent à la personne de mener à bien son projet de vie. Ces solutions  sont multiples et se situent à différents niveaux : au sein de la cité , du milieu éducatif et professionnel , également au sein des établissements et services étatiques .

Si en Tunisie la question de l’inclusion des personnes en situation d’handicap a beaucoup évolué, dans d’autres pays, notamment le Congo, tout reste à faire. Ainsi, MZATI Yousri, actuel président de l’Organisation Tunisienne de Défense des Droits de Personnes Handicapés ( OTDDPH), déclare à ce propos : « après la révolution, nous avons fait un grand pas, car  nous parlons aujourd’hui de droit et d’égalité pour les personnes handicapées. Le regard a changé et a évolué surtout dans l’éducation , l’emploi et la participation politique ».

IBASSA Donatien, représentant l'association ALPN (Association de Lutte contre la Pauvreté et pour la Protection de la Nature) dont la mission est la promotion des droits des groupes sociaux vulnérables notamment celles vivant avec un handicap , en visite en Tunisie, nous a expliqués que le Congo a réalisé  quelques avancées. Cependant,  les quelques acquis restent en deçà des attentes de la société civile congolaise, et c’est en ce sens que cette visite est primordiale; car elle permet d’échanger les expériences sur les questions techniques, de droit pratique. L’autre enjeu majeur de cette visite est de comprendre comment la question d’handicap est prise en compte par les pouvoirs publics, par les privés et les personnes vivant avec un handicap eux même.

Il dit, à ce propos, «  pour nous ce qui sera profitable : c’est d’implémenter notre action avec les pouvoirs publics, alors que nous n’avons pas la même perception de l’handicap. Les pouvoirs publics et les églises ont une autre approche sociale basée sur la pitié et la charité, s’y ajoutent  la stigmatisation, la discrimination et les préjugés: tous ces éléments sont loin de contribuer au respect de la dignité humaine et à l’autonomisation de ces personnes ».

C’est de ce constat que naquit la collaboration entre le PCPA Congo et le PCPA « Soyons Actifs/Actives ». Ainsi, lors de la dernière assemblée plénière du programme « Soyons Actifs/Actives » qui s’est tenue les 06 et 07 juillet 2019, des pistes de collaboration ont vu le jour, dont la visite d’échange de nos amis congolais en Tunisie du 22 au 24 octobre 2019 .

A cette occasion , l’OTDDPH a accompagné le PCPA Congo dans différentes visites de terrain, notamment avec l’Association Tunisienne d’Aide aux Sourds (ATAS) qui travaille sur l’inclusion des enfants handicapés ou encore la Fédération Tunisienne des Sports pour Handicapés qui leur a expliqué comment gérer les sports pour handicapés en Tunisie et les expériences des champions paralympiques. Cette même fédération oeuvre pour la mise en place d’un sport inclusif entre personnes handicapées et valides.

Le PCPA Congo, dans le cadre de cette visite d’échange avec le PCPA Tunisie, a également rencontré M. Nabil Baffoune, président de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections. Ce dernier a expliqué tout l’effort fourni, depuis 2011, pour l’inclusion des personnes en situation d’Handicap dans les élections tunisiennes.  Il a également montré au PCPA Congo, tout le matériel électoral qui a été préparé en braille pour les non-voyants, en collaboration avec les organisations de la société civile, travaillant sur cette question.

Le lendemain, la visite a continué au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple, où les principaux projets de lois et l’amendement des textes existants en faveur de l’inclusion des personnes handicapés, ont été voté et discuté.

En 1992 le Congo a adopté la loi 009- 92 , bien avant la convention relative aux droits des personnes vivant avec un handicap, qui  a été ratifiée en 2008 par la Tunisie, et en 2014 par le Congo. Selon IBASSA Donatien,  la loi de 92 est de ce fait désuète et il faudrait donc la réviser et la compléter pat des textes d’application: c’est l’un des défis majeurs auquel fera face le PCPA Congo et ses membres prochainement.

OLEBAKA Patrick Juvet, représentant de l'association APHM (Association des personnes handicapées de Makoua) a déclaré, quant à lui: «  notre visite en Tunisie, nous aura permis de discuter avec les différents acteurs sur terrain, avec les ONG, et les instances et de  capitaliser de la matière : notre discours avec les pouvoirs publics, de retour au Congo,  aura de ce fait du sens».

Si les pays et les contextes changent, il n’en demeure pas mois que des similitudes existent : les personnes en situation d’handicap ne pourront prendre part à la vie en société d’une manière normale, si elles continuent à ignorer leurs droits, et c’est là le rôle majeur des organisations travaillant sur la question d’Handicap. Il est également crucial de changer le regard qu’on porte sur les personnes handicapées et de considérer que chaque différence peut constituer une richesse pour la société.